En une trentaine d’années, les populations amérindiennes de Guyane ont été contraintes de passer d’une vie traditionnelle au bord du fleuve à une entrée fulgurante dans la société de consommation où ils se retrouvent chercheurs d’emplois précaires dans des domaines qu’ils ne connaissaient pas du tout. Il y a là une violence indicible qui explique le mal-être des jeunes générations. Les suicides d’Amérindiens en Guyane sont 25 fois plus nombreux que dans l’hexagone. La jeunesse amérindienne souffre d’une perte de repères identitaires liée à un déracinement culturel, tiraillée entre le mode de vie traditionnel et une séduisante modernité qui s’avère difficilement accessible. La transmission des valeurs et savoir-faire se perd, le dialogue entre les générations s’étiole. Les jeunes semblent perdants sur les deux tableaux : d’un côté ils ont peu d’espoir d’obtenir un diplôme valorisant, d’un autre côté ils n’ont pas acquis les connaissances permettant de perpétuer le mode de vie de leurs parents. Pourtant, cette double culture est aussi une richesse et peut devenir un atout si elle est reconnue et mise en valeur par les institutions – dont l’Education Nationale. Une meilleure prise en compte de leurs particularités culturelles pourrait constituer un début de réponse aux difficultés qu’ils rencontrent. Encore faut-il mesurer la distance qui sépare l’ontologie occidentale de celle des jeunes amérindiens d’Amazonie.
Au-delà des enjeux scolaires, l’ONU alerte sur la nécessité de préserver les savoirs des peuples autochtones afin d’être en mesure de répondre aux bouleversements climatiques actuels et à l’effondrement de la biodiversité. Il apparaît donc crucial de reconnaitre leurs droits, leurs institutions et leurs systèmes de gouvernance.